Abdelbasset Saroot, ancien gardien de but de l'équipe syrienne de football, a déclaré mardi que les athlètes de son pays n'avaient pas envie de concourir aux Jeux olympiques de Londres cet été car "ils ne veulent pas jouer pour un drapeau dont ils ne sont pas fiers".
Dans une interview à la chaîne ITV, Saroot, 20 ans, déclare: "Je sais personnellement que la majorité des athlètes ne veulent pas participer et qu'ils le feront par peur pour leurs familles - par peur des réprésailles du régime s'ils ne se soumettent pas". Saroot, dont le pays ne s'est pas qualifié pour le tournoi de football olympique après sa défaite 2-1 face à l'Ouzbékistan en mars, fait cause commune avec les manifestations antigouvernementales en cours en Syrie depuis un an. "Mon message, en tant que footballeur, athlète et militant, est avant tout que nous assistons à un véritable massacre ici (en Syrie)". "Il s'agit d'un massacre, car des gens sont abattus. Le monde a oublié la crise humanitaire, les habitations que l'on démolit", a-t-il ajouté.
La présence de la délégation syrienne risque de susciter une vive polémique après plus d'un an de répression et plus de 9 000 morts, selon l'Onu. Certains militent pour un boycott de la Syrie lors des Jeux, et les militants de l'opposition syrienne avaient notamment appelé Londres à interdire la présence du directeur du Comité national olympique syrien, le général Mouaffak Djoumaa, ainsi que d'autres responsables considérés comme proches de Bachar al Assad. Mardi, le général Djoumaa a répondu en déclarant à ITV : "Il n'y a aucun doute à ce sujet - nous y participerons".
Le 28 mars, le Premier ministre britannique David Cameron avait expliqué que les athlètes syriens seront autorisés à participer aux JO, mais que les responsables interdits de séjour en Europe ne seront pas les bienvenus. "Les athlètes syriens participeront aux Jeux et c'est une bonne chose, mais soyons tout à fait clairs : la Grande-Bretagne s'est efforcée, dans le cadre de l'Union européenne, de mettre en place des gels d'avoirs et des interdictions de séjour pour punir un régime infâme et quiconque figure sur la liste des personnes interdites de séjour ne sera pas bienvenu à Londres", a-t-il déclaré. Au total, 126 personnes liées au régime syrien sont visées par les sanctions européennes, parmi lesquelles le président Bachar al-Assad et son épouse Asma.
Officiellement, la présence de responsables syriens aux Jeux olympiques n'a pas été confirmée, mais Pere Miro, directeur de la commission Solidarité olympique au CIO, estime que Damas devrait envoyer, en plus des athlètes, quatre ou cinq représentants officiels, M. Djoumaa faisant partie des personnes déjà pré-invitées. Le 14 mars, le président du CIO Jacques Rogge avait déclaré que six à huit sportifs syriens avaient "le potentiel pour se qualifier" pour les Jeux, ajoutant que le CIO ferait "tout pour les (y) faire participer", à moins que l'un de ces sportifs soit impliqué dans des crimes de guerre. Le comité olympique syrien reste actif et n'a fait l'objet d'aucune sanction de la part du CIO.